Capucine Montanari, directrice de la Galerie éponyme, nous ouvre les portes d’un savoir-faire historique. Créée sur la rive gauche en 1978 par son père Amedeo Montanari, la Galerie a traversé la Seine pour s’établir en 2002, au cœur d’un triangle d’or, entre l’Elysée, la maison Sotheby’s et les grandes galeries de l’avenue Matignon. Capucine y perpétue un métier d’art aux côtés de Pierre Grosjean, « Meilleur Ouvrier de France » spécialisé en techniques d’encadrement et réentoilage, et Iris Julien, doreuse professionnelle. Dans le respect des règles artisanales les plus exigeantes, la Galerie incarne la rencontre entre l’histoire, l’expertise et la passion pour un métier de l’ombre qui gagne à être (re)connu.
« Le cadre est un objet en soi, pas seulement un attribut. »
1. Comment est née la Galerie Montanari ?
Véritable institution dans le monde de l’encadrement d’art, notre Galerie a vu le jour en 1978. Fondée par mon père, fervent collectionneur et expert en cadres anciens, notre spécialité s’étend des cadres du XVIème au XXème siècle, couvrant les styles italiens, espagnols, français, et flamands, jusqu’à l’offre d’encadrements modernes ainsi que des pièces des différentes écoles du XXème siècle type Art Nouveau ou Art Déco. Nous travaillons avec des galeristes à Paris et dans le monde entier, des particuliers et amateurs d’art, mais aussi des musées ou des institutions à travers le monde par des acquisitions ou des prêts pour des expositions prestigieuses. Nous sommes également présents sur certains salons comme Fab Paris ou la BRAFA. J’ai repris les rênes de la galerie en 2009, entourée de Pierre et Iris qui partagent un savoir-faire et une expérience très recherchés.
2. Quelle est votre approche de l’encadrement d’art ?
Notre métier, au carrefour de l’art et de l’artisanat, vise à sublimer et protéger les œuvres d’art. Notre approche est collaborative. Nous unissons nos forces pour conseiller nos clients, en combinant expertise commerciale, conseil artistique, et maîtrise technique, notamment avec Iris pour la dorure et Pierre pour les techniques d’encadrement et réentoilage. L’encadrement est un acte important : nous savons aujourd’hui que la valeur d’une œuvre augmente si le cadre est à sa hauteur. Une œuvre sans encadrement de qualité est comme un bijou sans son écrin.
3. Quelles sont les particularités de votre métier ?
Très tôt, le cadre a pris un caractère esthétique. Avec ses moulures simples ou ouvragées, son style suit celui des époques, Renaissance, Louis XIII, Louis XV, Art déco, Art contemporain… L’encadrement d’art réclame de nombreux savoir-faire et gestes spécifiques, notamment sur des cadres anciens sculptés dans du bois et dorés à l’or fin pour la majorité d’entre eux. Nos artisans, formés aux techniques traditionnelles, sont capables de réaliser des travaux d’encadrement variés, y compris des créations sur mesure. Cela inclut également la capacité à conseiller les clients sur le choix du cadre le plus adapté à leur œuvre, garantissant ainsi sa protection et sa mise en valeur. Nous utilisons des matériaux neutres et conformes aux exigences actuelles les plus contraignantes, afin d’assurer une conservation optimale.
4. Que vous a transmis votre père dans ce rôle ?
Mon père m’a légué une passion indéfectible pour la beauté et l’art de l’encadrement. Esthète dans l’âme, il m’a appris à chercher constamment l’excellence, à faire preuve de patience et à accompagner nos clients dans leur quête du cadre parfait. Nous avons beau avoir plus de 2000 cadres, nous sommes continuellement à la recherche du cadre qui sera en accord parfait avec l’œuvre. Sa vision était de faire de chaque pièce un chef-d’œuvre magnifié.
5. Que peut-on vous souhaiter à l’avenir?
Je souhaite ardemment que ce métier perdure, prouvant que le cadre est bien plus qu’un simple accessoire mais bien un élément fondamental de l’œuvre. Notre ambition est de perpétuer ce métier, en alliant le meilleur de l’artisanat aux dernières évolutions des techniques d’encadrement.
Depuis la Renaissance
Le métier d’encadreur, spécialisé dans la création de cadres pour des œuvres d’art, des photographies, et d’autres éléments décoratifs, a une longue histoire qui remonte à l’époque de la Renaissance en Europe, au 14ème siècle. Avant cette période, les œuvres d’art étaient souvent intégrées dans l’architecture ou réalisées sous forme de fresques murales. Avec l’avènement de la peinture sur toile et le désir croissant de collectionner et d’exposer des œuvres d’art de manière plus flexible, le besoin de cadres est devenu évident.
Au cours de la Renaissance, les cadres ont commencé à être considérés comme des œuvres d’art en soi, avec une attention particulière portée à leur conception et à leur décoration pour compléter et valoriser les œuvres qu’ils entouraient. L’encadrement est devenu une spécialité artisanale, avec des techniques et des styles qui ont évolué au fil des siècles, reflétant les tendances artistiques et esthétiques de chaque époque.
Plus d’informations sur www.montanaricadres.com
Photo ci-contre cadre Italien XVIIe siècle 31 cm x 24 cm Galerie Montanari, Paris. © Galerie Montanari, Paris. Ce cadre est un coup de cœur de Gautier Capuçon, violoncelliste de renommée mondiale invité à Fine Arts La Biennale 2024.