Dans les coulisses de la Société des Amis des musées d’Orsay et de l’Orangerie

Depuis 1980, la Société des Amis des musées d’Orsay et de l’Orangerie (SAMO) œuvre à l’enrichissement des collections et au rayonnement des deux musées. La participation active de ses membres entreprises et particuliers ont permis à plus de 2000 œuvres – tableaux, objets d’art et sculptures – de rejoindre les collections du musée d’Orsay. Marie-Alix Caquelard, Déléguée Générale, et Lan-Hsin Arnaud, Déléguée Générale adjointe, nous présentent les coulisses de l’association autour d’une riche actualité artistique portée par Edvard Munch à Orsay et Sam Szafran à l’Orangerie.

« Rendre l’art accessible au plus grand nombre est le principe fondateur de notre association. »

1. Comment est née la SAMO?

En 1980, la Société des Amis des musées d’Orsay et de l’Orangerie (SAMO) est fondée par l’ambassadeur Emmanuel de Margerie, entouré par le comte Edouard de Ribes et Louis-Antoine Prat. L’idée est alors d’accompagner la naissance du musée d’Orsay. Entourés de collectionneurs, amateurs et acteurs du monde de l’art passionnés par la seconde moitié du XIXème siècle (1848-1914), le Musée ouvre ses portes en 1986. Notre association, initialement régie par la loi de 1901, est devenue association reconnue d’utilité publique en 2007. Elle soutient ainsi les acquisitions de l’Établissement et est habilitée à recevoir des dons ouvrant droit à des réductions d’impôts. Depuis 2010, l’Établissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie – Valéry Giscard d’Estaing (EPMO) réunit le musée d’Orsay et le musée de l’Orangerie.

Vue de salle © musée d’Orsay

Vue de salle © musée d’Orsay

2. Quelles sont les particularités des deux musées ?

Nous portons les couleurs de deux institutions distinctes, chacune avec leurs histoires et leurs périodes de l’histoire de l’art. Les collections du musée d’Orsay présentent la création artistique de la seconde moitié du XIXème siècle et du début du XXème siècle, période extrêmement féconde qui a vu naître notamment les mouvements impressionnistes et postimpressionnistes. Le musée de l’Orangerie abrite l’ultime chef-d’œuvre de Claude Monet, « les Nymphéas », ainsi que la collection Walter-Guillaume, l’une des plus belles collections européennes de peintures comprises entre les années 1860 et 1935. Ensemble, ces deux musées témoignent de la naissance de la modernité dans l’histoire de l’art.

3. Quel est le rôle de la SAMO ?

L’association participe au rayonnement des collections, contribue aux acquisitions des deux musées et à l’encouragement de leur fréquentation. Nos Amis mécènes sont des particuliers et des entreprises qui bénéficient d’une programmation sur mesure et d’un accès privilégié aux musées. Grâce à leurs dons, plus de 2000 peintures, sculptures, dessins, photographies, meubles et objets d’art ont rejoint les collections du musée d’Orsay. Cette communauté de passionnés rend ainsi visible un patrimoine exceptionnel.

« La valeur ajoutée de la SAMO est de s’adapter aux besoins de ses adhérents, tout en nouant un lien privilégié avec chacun, particuliers comme entreprises.  »

4. Qui sont ses membres ?

La majorité de nos 750 membres sont des particuliers intéressés par la seconde moitié du XIXème siècle, avec différents niveaux de dons et contreparties, de « jeunes mécènes » à « grands bienfaiteurs ». Les entreprises mécènes de la SAMO sont le plus souvent des TPE et PME de proximité : cabinets d’avocats, start up, galeries d’art… Nous leur proposons des cartes non nominatives ou des laissez-passer pour partager leur accès avec un client ou un collègue. Cet accès prioritaire et gratuit permet de rentrer facilement avant l’ouverture ou pendant sa pause déjeuner. Notre philosophie est d’encourager la générosité en faveur des collections nationales et de rendre l’art accessible à tous, en s’adaptant aux objectifs et aux contraintes de chacun.

Vues du musée d’Orsay © Photographies Bail Art
Vues du musée d’Orsay © Photographies Bail Art

Vues du musée d’Orsay © Photographies Clara Pagnussat, Bail Art

5. Pourquoi est-ce important de compléter les collections existantes par une politique d’acquisition pérenne ?

Chaque œuvre qui rejoint les collections est une nouvelle perspective, un nouveau point de vue ouvert sur la création artistique de la fin du XIXème au début du XXème siècle. Nos musées sont des institutions vivantes ayant à cœur le partage de leurs collections avec tous les publics. L’enrichissement des collections est donc essentiel pour continuer à transmettre toujours plus de connaissances sur l’art et son histoire aux générations suivantes. Notre rôle est de rester le plus représentatif de notre période artistique, de la manière la plus juste et la plus exhaustive possible. D’où l’exploration de thématiques comme la place des femmes dans l’histoire de l’art, ou encore l’ouverture aux écoles étrangères. Dans cette optique, un membre peut devenir mécène à partir de 150€ : chaque don compte et se transforme en œuvre d’art, de la plus grande à la plus modeste. Être ami, c’est soutenir toutes les disciplines, ou même des acquisitions qui peuvent représenter un intérêt documentaire, comme récemment Les Lettres de Monet qui éclairent la genèse de nos collections.

Claude Monet, Les Dindons, musée d’Orsay © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Claude Monet, Les Dindons, musée d’Orsay © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

 

6. Quelle est la politique d’acquisition de la SAMO pour le musée d’Orsay?

Celle-ci est traditionnellement portée par le Président de l’Etablissement. Christophe Leribault, actuel Président des deux musées, encourage notamment l’acquisition d’artistes étrangers. Le dernier tableau acheté en 2022 est un tableau de Fanny Brate (1862-1940), représentante de la peinture suédoise académique, école à laquelle appartient déjà une vingtaine de tableaux conservés au musée d’Orsay. Brate compte parmi les premières artistes femmes à intégrer l’Académie Royale des Beaux-Arts de Stockholm, qui, pour la première fois au monde, met en place dès 1864 un cursus de formation complet réservé aux femmes. Konstvänner (Amis de l’art), qui représente de jeunes paysans observant une femme en train de peindre en plein air, est l’une des œuvres les plus importantes de sa carrière. L’artiste n’a que 24 ans lorsqu’elle la présente au concours de l’Académie en 1885.

Fanny Brate, Konstvänner (Amis de l’art), 1885, huile sur toile, musée d’Orsay, don du fonds Meyer Louis-Dreyfus par l’intermédiaire de la société des amis des musées d’Orsay et de l’Orangerie © Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Sophie Crépy

Fanny Brate, Konstvänner (Amis de l’art), 1885, huile sur toile, musée d’Orsay, don du fonds Meyer Louis-Dreyfus par l’intermédiaire de la société des amis des musées d’Orsay et de l’Orangerie © Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Sophie Crépy

Pour la première fois, nous avons fait un appel au don en soumettant l’œuvre à nos membres avec l’œuvre du peintre irlandais Roderic O’Conor. O’Conor est encore présent à Pont-Aven lors du dernier voyage breton de Gauguin en 1894. C’est de ce séjour que date leur amitié. La rencontre avec Émile Bernard semble avoir été un catalyseur pour le développement de son art, notamment en lui faisant découvrir le travail de Van Gogh. Roderic O’Conor est un artiste très rare en collections publiques à travers le monde. Les musées français conservent essentiellement des œuvres graphiques, dessins ou gravures (Rennes, Quimper, Pont-Aven et Orsay). Cette acquisition constitue une occasion exceptionnelle d’enrichir les collections nationales.

 

Roderic O’Conor (1866-1940) Garçon breton de profil, 1893, Peinture sur toile, 38.1 x 44.5 cm, © Patrice Schmidt / Musée d’Orsay dist.RMN-Grand Palais

Roderic O’Conor (1866-1940) Garçon breton de profil, 1893, Peinture sur toile, 38.1 x 44.5 cm, © Patrice Schmidt / Musée d’Orsay dist.RMN-Grand Palais

En 2021, nous avons profité de l’exposition « Hockney. A Year in Normandy. » pour organiser un cocktail destiné à de jeunes mécènes intéressés par les collections de l’Orangerie. Nous renouvelons l’expérience le 20 octobre prochain autour de l’exposition « Sam Szafran. Obsessions d’un peintre » et du Contrepoint contemporain « Mickalene Thomas : Avec Monet », avec une place de cocktail dinatoire financièrement accessible (50€ par personne). Nous espérons ainsi compléter notre enveloppe 2021 pour financer la première acquisition pour le musée de l’Orangerie. Ces 110 jeunes mécènes, fidèles et très actifs, bénéficient d’une programmation sur mesure (visite d’ateliers, évènements déjeuners ou soirées, …).

Sam Szafran (1934-2019) L’atelier de la rue Crussol, Février 1972. Pastel sur calque contrecollé sur carton 104 x 75cm. Collection particulière © Sam Szafran, ADAGP, Paris 2022 Photo Lala

Sam Szafran (1934-2019) L’atelier de la rue Crussol, Février 1972. Pastel sur calque contrecollé sur carton 104 x 75cm. Collection particulière © Sam Szafran, ADAGP, Paris 2022 Photo Lala

7. Comment la SAMO s’est-elle ouverte à un plus jeune public ?

Depuis quelques années, sous l’impulsion d’une programmation et d’une communication extrêmement dynamique, notre écosystème séduit de plus en plus les 20-45 ans, avec des expositions très accessibles et ancrées dans les problématiques sociétales actuelles. En témoignent le succès des soirées concerts et performances Les Curieuses Nocturnes, ou encore la programmation contemporaine issue de rencontres avec des artistes unis par ce désir de travailler ensemble. Les Lectures contemporaines de Kehinde Wiley questionnent ainsi des sujets actuels, comme le précise Christophe Leribault, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie : « Tout en jouant des stéréotypes de la peinture et de la sculpture occidentale, Kehinde Wiley porte un message actuel sur la violence de la société contemporaine. J’ai souhaité présenter ces œuvres dans le fil même des collections du musée d’Orsay qui l’ont tant inspiré et dont il offre une relecture fascinante. »

8. La SAMO est également à l’initiative d’un grand projet en faveur de la recherche en histoire de l’art, quel est son objectif ?

En effet, notre rôle a évolué avec la création en 2020 de la Fondation des Amis pour le Rayonnement des musées d’Orsay et de l’Orangerie (FARMO), abritée par la Fondation de France. Convaincus de l’importance de l’art dans nos sociétés, nous y soutenons des projets d’intérêt général en faveur de la recherche en histoire de l’art, la démocratisation culturelle et l’accessibilité aux musées. Les projets de la FARMO sont tournés vers la transmission, le partage de l’art et de la culture vers tous les publics. Nous avons ainsi lancé la première bourse doctorale pour la recherche en histoire de l’art. La Fondation soutient à partir de 2022 une bourse doctorale en lien avec le futur Centre de Ressources et Recherches (CRR) du musée d’Orsay dont l’ouverture est prévue en 2026. Le CRR deviendra un haut lieu de la recherche en histoire de l’art sur la seconde moitié du XIXème siècle et le début du XXème siècle, avec différentes thématiques dont la place des femmes dans l’histoire de l’art, les écoles étrangères, les grandes figures de collectionneurs, les Salons, et bien sûr les courants nés dans cette période. La Fondation a également lancé un projet d’atelier de photographies pour les personnes en situation de réinsertion sociale. Par ailleurs, nous finançons les aspects matériels d’un programme dédié aux stages obligatoires des élèves de 3ème. Partant du principe que ces stages nécessitent un réseau et que les métiers de la culture et des musées sont souvent réduits aux professions les plus visibles, nos musées proposent un parcours découverte pour accueillir ces collégiens pendant une semaine complète.

Gala Société des Amis du musée d'Orsay 2022

9ème édition du diner de Gala pour la récolte de fonds dédiés aux collections du musée d’Orsay © SAMO, 2022

La SAMO en quelques chiffres

  • 42 années de mécénat au service des Musées d’Orsay et de l’Orangerie
  • 750 mécènes Amis
  • 2000 œuvres acquises pour les musées
  • 100 rendez-vous privilégiés par an pour ses membres
  • Un diner de gala
 

À découvrir au musée d’Orsay

  • Exposition « Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort. », du 20/09/22 au 22/01/23
  • Lectures contemporaines « Kehinde Wiley », du 13/09 au 08/01/23
  • Accrochage « Les pavillons nationaux aux expositions universelles », du 09/09/22 au 13/12/22
  • Accrochage « Paul Helleu (1859-1927) : portraits et intimité. », du 20/09/22 au 01/01/23
  • Accrochage « Dans les coulisses de l’atelier. Jacques de Lalaing, peintre, sculpteur et … photographe. », du 27/09/22 au 08/01/23.
  • Exposition « Rosa Bonheur (1822-1899) », du 18/10/22 au 15/01/23.
  • Exposition « Manet / Degas », du 28/03/23 au 23/07/23.
 

À découvrir au musée de l’Orangerie

  • Exposition « Sam Szafran. Obsessions d’un peintre. “, du 28/09/22 au 16/01/23.
  • Contrepoint contemporain « Mickalene Thomas : Avec Monet. », du 13/10/22 au 06/02/23.
  • Focus collection « André Derain. Paysages méridionaux. », du 21/09/22 au 06/03/23.

 

Contacter la Société des Amis des musées d’Orsay et de l’Orangerie

www.amis-musee-orsay.org • 01 40 49 48 34

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