Rêves d’ordinaires
L’ordinaire tisse des images. De nombreuses œuvres en Occident se sont construites en différence ou en résonnance avec lui.
Le Caravage a éclairé, en son temps, la représentation de ce qui nous entoure. La virtuosité de Chardin a sublimé les sujets de ses natures mortes. Nos regards se sont ouverts. Depuis lors, nombre d’artistes ont élevé la vie autour d’eux en une forme peinte, sculptée, gravée et, plus tard, photographiée ou installée. Elle est saisie alors en un être immuable. Une création où les objets scandent un chant neuf. Graciela Iturbide, dont les photographies sont exposées actuellement à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, offre les traits d’une personne, d’un lieu ou d’un objet à notre contemplation. Animés ou non, les éléments qui l’environnent se déploient dans l’image. Ses photographies éclairent des lignes : celles des présences alentour. L’objectif devient alors « cette petite fenêtre », au travers de laquelle « vous composez, vous rêvez la réalité, comme si l’appareil vous permettait de synthétiser ce que vous êtes et ce que vous avez appris du lieu. » [1]
De multiples ordinaires, nous voici entourés.
Mahault de Raymond-Cahuzac, historienne de l’art
(1) Graciela Iturbide dans « Imaginer l’Image. Entretien avec Graciela Iturbide par Fabienne Bradu », Heliotropo 37 (catalogue de l’exposition à la Fondation Cartier pour l’art contemporain).