La lettre de Bail Art septembre 2020

Le regard du monstre : pensées intérieures

Monstrueux intimesmonstrueux endroits ? Nombreux sont les artistes qui ont développé des formes imaginaires et insolites que l’on peut qualifier de chimériques. A la croisée des mondes intérieur et extérieur, le merveilleux participe d’éléments de réalité et de projections personnelles. Disproportions ou personnages inventés de toutes pièces, la figure du monstre est aussi plurielle que changeante. 

Allégorie, être mythologique, représentation religieuse, compagnon intime, le monstre peut être à la fois effrayant et attendrissant, fascinant et repoussant, humain et inhumain. Affranchie, aujourd’hui, de sa dimension principalement religieuse, la créature imaginaire et difforme n’a cessé d’être un riche terreau d’inspiration pour les artistes. Les évocations d’horreurs des Peintures noires de Goya (1746-1828), ou les incarnations de rêves dans les toiles de Füssli (1741-1825) sont autant d’habits que l’être fantastique peut revêtir. Plus tard, les œuvres du symboliste Odilon Redon (1840-1916) orchestrent de nouvelles hybridités rêvées entre l’homme, l’animal et le légendaire. Des formes picturales qui poursuivent leur évolution avec les travaux des surréalistes.  

Le monstre est là, et son motif avec. Une légèreté nouvelle. Son aspect déstructure une vision pour en créer une autre. Un regard qui laisse la part belle aux méandres de chaque for intérieur. Et à certaines folies. Eugen Gabritschevsky (1893-1979) a mis en œuvre, depuis sa chambre d’hôpital psychiatrique, des créatures aux aspects aussi divers que puissants. Une intimité déclinée en une infinité d’espaces picturaux. Des champs créés, de façon toute différente, par Léopold Chauveau (1870-1940) dans ses Paysages monstrueux et ses contes, entre autres face à une réalité parfois douloureuse ou dramatique.  

Refuge ou ouverture, l’imaginaire est une étendue. De création et de sens. Le monstre est homme. Sans les hommes, leurs conventions et leurs projections, il n’existerait pas. Le monstrueux dérange parce qu’il nous ressemble. Du moins, en partie. Une identification possible dans la similitude comme la différence. Le regard du monstre nous invite sans détours à observer les complexités de lieux où « Plus les années passent, plus la vie semble s’embellir des hiéroglyphes de ce monde merveilleux, de ces symboles qui rendent notre existence plus chère encore. »[1] 

Mahault de Raymond-Cahuzac

[1] Eugen Gabritschevsky (1893-1979), (cat. exp. itinérante à Paris, La Maison Rouge, 8 juillet-18 septembre 2016 ; Lausanne, Collection de l’Art Brut, 11 novembre 2016-19 février 2017 ; New York, American Folk Art Museum, 13 mars -13 août 2017), Editions Snoeck, Gand, 2016, p.39.

 

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