L’Investissement Socialement Responsable (ISR) est une expertise historique de La Financière de l’Echiquier (LFDE). Créée en 1991, LFDE est l’une des principales sociétés de gestion entrepreneuriales de France. Elle offre à ses clients – institutionnels, conseillers en gestion de patrimoine, distributeurs et privés – des produits et solutions responsables pour valoriser leurs investissements. Coline Pavot, Responsable de la Recherche Investissement Responsable à La Financière de l’Echiquier, nous explique le fonctionnement de l’ISR et son lien avec les politiques de responsabilité sociale des entreprises. Elle nous guide dans la mise en place d’une politique RSE efficace.
Image Musée Collection Berardo, Lisbonne © Bail Art
1. Qu’est-ce que l’ISR?
L’Investissement Socialement Responsable est un placement visant à concilier deux objectifs – performance économique et impacts sociaux et environnementaux positifs – en finançant des entreprises qui contribuent au développement durable. Cette notion n’est pas nouvelle. Elle prend sa source au 17ème siècle, sous l’influence des Quakers aux Etats-Unis avec une dimension morale, et notamment le refus d’investir dans certains secteurs d’activité. Depuis, l’investissement responsable a pris son essor sous l’impulsion des investisseurs institutionnels avec une sélection proactive d’entreprises soutenant une économie responsable.
« Pour s’inscrire dans un temps long et résister aux crises qui pourraient rendre ces sujets moins prioritaires, les mesures de développement durable doivent être portées par la Gouvernance de l’entreprise. »
2. Sur quel(s) critère(s) ces sociétés sont-elles sélectionnées ?
La note dite « ESG » fait référence à 3 piliers : Environnement, Social et Gouvernance. Cette note doit atteindre un certain seuil pour déclencher un investissement dans l’entreprise. Particulièrement valorisée par LFDE, la Gouvernance s’attache à analyser comment l’entreprise est gérée. Le mode de pilotage est un élément extrêmement important pour que les stratégies de développement durable s’inscrivent dans la durée et dans la culture de l’organisation. Nous analysons les sociétés avec une grille adaptée à leurs secteurs. En effet, une activité industrielle sera soumise à des enjeux différents qu’une activité de services. Cet audit nous permet de sélectionner les sociétés avec une note ESG suffisante pour être investies dans un fond ISR, et de les accompagner dans l’amélioration de leurs pratiques ESG.
Environnement, Social, Gouvernance #ESG © Bail Art
« Mon rôle est de faire infuser le développement durable dans le secteur de la finance et dans la gestion des produits financiers. »
3. Quel est le lien entre ISR et politiques RSE ?
Lorsque nous analysons une organisation, nous regardons la façon dont elle tient compte de ses enjeux sociaux et environnementaux. De façon simplifiée, la RSE est le développement durable appliqué à l’entreprise, l’ISR est le développement durable appliqué à l’investissement, tandis que les critères ESG sont les lunettes qui permettent aux investisseurs responsables d’analyser la démarche RSE des entreprises.
4. Comment mettre en place une politique RSE efficace ?
La première question à se poser est celle de ses impacts. Par exemple, 99% de notre impact à La Financière de l’Echiquier résident dans nos investissements. En triant nos déchets ou en encourageant les déplacements en train, nous n’agissons que sur 1% de notre impact. La première étape de toute démarche RSE est d’en prendre conscience à travers la réalisation d’une matrice de matérialité. Il s’agit d’une analyse croisant la liste des enjeux prioritaires de l’entreprise et celle de ses fournisseurs, actionnaires, clients… La société détermine ainsi ce qui est important pour elle-même et pour ses parties prenantes. Une politique de développement durable appelle à des milliers de voies possibles. Cette matrice permet de hiérarchiser les actions pour les rendre cohérentes, réalisables et efficaces. Précisons qu’il est malgré tout important de valoriser l’exemplarité et les « petits pas », ces gestes visibles du quotidien, à l’interne comme à l’externe.
5. Quel est le rôle des dirigeants et des collaborateurs dans la réussite du projet RSE ?
Il doit être portée par la Gouvernance, avec l’implication du conseil d’administration ou du comité exécutif. Son rôle est de diffuser le message en interne et d’impliquer tous les salariés pour instaurer une culture d’entreprise responsable. Une démarche collaborative permet ainsi à tous de s’approprier les actions mises en place. Un travail de formation est également nécessaire, autant sur les écogestes citoyens que sur la transformation des métiers. Une politique RSE transforme nos professions et nos façons d’interagir avec nos partenaires. Les collaborateurs ont besoin d’être accompagnés dans un changement de leur métier qui peut parfois être radical.
KunstMuseum, Basel © This is Basel
6. Comment communiquer sur ses engagements ?
C’est primordial en interne, quelle que soit la forme. La communication externe est importante sur les problématiques de recrutement, d’attractivité et de marque employeur. On sait aujourd’hui que c’est un critère décisif pour les jeunes générations. Il peut aussi s’agir d’attirer des clients, je pense notamment aux fournisseurs de grands groupes qui ont eux-mêmes des engagements à respecter. Les labels peuvent également représenter un levier de communication pour inscrire ses actions dans un référentiel commun. Attention toutefois à ne pas se limiter à un simple respect du cahier des charges qui ne représente souvent qu’une partie des enjeux. Enfin, le reporting RSE est obligatoire pour un certain nombre d’entreprises en fonction du nombre de collaborateurs.
La Financière de l’Echiquier © Samuel Féron, Hors limite, Hawaï, 2018
Accrochage à La Financière de l’Echiquier © Philippe Petit, Icare en a rêvé, 2015
7. LFDE accueille l’art au sein de ses locaux de longue date. En quoi l’art peut-il relayer les engagements RSE d’une organisation ?
Au moment de la définition de la feuille de route, l’art peut être un medium pour transmettre un message, en interne comme à l’externe. C’est une façon de mobiliser ses collaborateurs autour d’objectifs et valeurs partagés. L’art peut aussi devenir un élément de politique sociale en contribuant à l’ouverture culturelle des salariés et en améliorant bien-être et qualité de vie au travail. La Qualité de vie au travail (QVT) joue aujourd’hui un rôle important dans le recrutement et la rétention des talents. Il s’agit d’offrir un environnement de travail propice à leur épanouissement. Avec le développement du télétravail et du travail hybride, la question se pose aujourd’hui de savoir ce que les salariés ont sur leur lieu de travail et n’ont pas chez eux. Introduire une œuvre d’art au sein de ses locaux, constituer une collection d’entreprise, préparer une exposition ou un évènement artistique contribuent à la mise en valeur des engagements RSE de l’entreprise.
Critères de notation ESG : quelques exemples
Gouvernance
- Compétences et rémunération des membres du Comité exécutif
- Présence de contre-pouvoirs au sein du Conseil pour challenger la stratégie du groupe
- Incarnation et Place du développement durable au cœur des décisions stratégiques
Environnement
- Politiques environnementales de l’entreprise
- Actions mises en place pour réduire ses impacts
- Impact environnemental des produits
- Enjeux environnementaux sur les chaines d’approvisionnement
Social
- Politique de Ressources Humaines, recrutement et fidélisation des talents, santé et sécurité sur le lieu de travail, lutte contre les discriminations
- Impact social des produits sur le client et la société
- Enjeux sociaux sur les chaines d’approvisionnement
- Démarche de satisfaction client
- Démarche philanthropique, implications dans le développement des territoires et populations locales
Les obligations liées au reporting RSE sont décidées à l’échelle européenne
- Depuis 2014, la réglementation « NFRD » s’applique aux entreprisescotées (en bourse) ou non, qui ont au moins 500 salariés et 20 millions d’euros de bilan ou 40 millions de chiffres d’affaires. Pour les entreprises non cotées, elles sont éligibles si le total de leur bilan est supérieur à 100 M € ou le montant net du chiffre d’affaires supérieur à 100 M €.
- A partir de 2024, la nouvelle réglementation « CSRD » va élargir le périmètre d’application aux entreprisescotées de plus de 250 salariés et 20 millions d’euros de bilan, ou 40 millions de chiffres d’affaires.
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