Rentrée 2025 : actualités et tendances du marché de l’art

Un automne contrasté entre défis économiques et signaux encourageants

La rentrée du marché de l’art 2025 s’annonce dense et contrastée. Un calendrier international de foires riche confirme l’attractivité du secteur, tandis que les galeries françaises affrontent une conjoncture plus exigeante. Derrière ces tensions, plusieurs leviers structurants émergent : l’arrivée de nouveaux collectionneurs sur des segments accessibles, le réajustement du marché online et l’attrait renouvelé pour les foires en présentiel. Si l’incertitude politique mondiale et les coûts structurels (transport, assurance, énergie) demeurent des freins majeurs, le marché conserve une étonnante solidité : en 2024, malgré un repli de –12 % (Art Basel & UBS, The Art Market Report 2025), les ventes mondiales ont atteint 57,5 milliards de dollars, un niveau qui reste historiquement élevé après le pic exceptionnel de 2023 (65 Md$).

1. Galeries d’art : entre inquiétudes et perspectives de transformation

Le Baromètre 2025 du CPGA, basé sur les données de l’année 2024 et élaboré par l’institut IDDEM, dresse un état des lieux lucide. 85 % des galeristes interrogés se déclarent inquiets pour l’avenir, et près de 20 % signalent une baisse d’activité supérieure à 20 % sur l’année écoulée. Le chiffre d’affaires global a reculé de 6 %, une baisse significative mais moins marquée que celle du marché mondial (–12 %).

Les principaux défis identifiés sont connus : hausse des coûts (foires, loyers, transport, production), fragilisation des structures intermédiaires, et polarisation croissante du marché entre quelques grandes galeries très visibles et un tissu intermédiaire en difficulté. Plusieurs signaux – fermetures, redressements judiciaires, retraits de foires internationales – renforcent ce constat. Mais le rapport met aussi en avant des leviers d’action concrets. Il recommande la création d’un fonds de soutien à l’émergence, un accompagnement renforcé pour l’export, des mesures incitatives pour le marché secondaire, et une simplification fiscale adaptée aux réalités du secteur. Ces propositions visent à préserver la diversité des galeries françaises, atout majeur de la scène culturelle et indispensable à son rayonnement.

📄 Source Baromètre 2025 des galeries, Comité Professionnel des Galeries d’Art
ℹ️ Méthodologie : enquête menée auprès d’un panel de galeries françaises, principalement parisiennes et membres du CPGA.

2. Collectionneurs : des attentes redéfinies, une base élargie

L’étude Art Basel & UBS Art Market Report 2025 confirme des évolutions structurelles à échelle internationale. Si le marché mondial a reculé en 2024, la base d’acheteurs s’est élargie et rajeunie. Les galeries déclarent que 44 % de leurs clients étaient nouveaux en 2024, et la part des ventes à des primo-acquéreurs a grimpé à 38 % (+5 points par rapport à 2023). Le phénomène est encore plus marqué en ligne : 46 % des ventes digitales des marchands ont été réalisées auprès de premiers acheteurs, confirmant le rôle d’Internet comme porte d’entrée du collecting.

Cette arrivée de nouveaux acheteurs se concentre surtout sur les segments accessibles : aux enchères, les œuvres de moins de 5 000 $ ont progressé en valeur (+7 %) et en volume (+13 %), tandis que les ventes à plus de 10 M$ ont chuté de 45 % en valeur (Art Basel & UBS Report 2025). Les galeries aux revenus < 250 k$ ont également enregistré une hausse de +17 % des ventes.

En parallèle, le digital s’installe durablement mais à un niveau plus raisonnable : les ventes en ligne ont atteint 10,5 milliards $ en 2024 (18 % du marché), en baisse de 11 % par rapport à 2023 mais encore +76 % vs 2019. En parallèle, le retour au présentiel reste décisif : les foires représentent 31 % des ventes des galeries (+2 points), et constituent le premier canal d’acquisition de nouveaux acheteurs (31 %), devant les visites en galerie et le bouche-à-oreille.

Enfin, les comparaisons entre différents marchés de collection (art, voitures, vins, montres, etc.) montrent que l’art a moins bien résisté que d’autres actifs “passion”. En matière d’art, les collectionneurs continuent de privilégier des acquisitions porteuses de sens culturel et personnel, plutôt que des achats purement spéculatifs.

📄 Sources : (1) Art Basel & UBS – The Art Market Report 2025; Art Basel & UBS – (2) Survey of Global Collecting 2024; (3) Artsy – Collector Insights 2024; (4) Knight Frank – Wealth Report 2025; (5) Comité Professionnel des Galeries d’Art – Baromètre 2025 des galeries. 

3. Les foires de la rentrée : calendrier riche et émergeance de spécialités 

Si l’automne reste rythmé par les grands rendez-vous internationaux, la rentrée 2025 illustre aussi une évolution du paysage des foires, avec l’apparition de formats spécialisés ou régionaux.

Outre les plus connus comme Art Basel, FAB Paris ou Paris Photo, des événements ciblés viennent répondre à des attentes précises des collectionneurs : Ceramic Art Fair met en lumière un médium  redécouvert par les musées et les designers ; Design Miami/Paris confirme l’attrait croissant pour le design de collection ; AKAA (Also Known As Africa) incarne la reconnaissance internationale de la scène africaine contemporaine ; tandis que des salons comme Thema explorent des approches curatoriales éthiques et durables. St-Art confirme son rôle de première foire d’art contemporain régionale et se déploie en Bretagne (du 14 au 16 novembre 2025 au Parc des Expositions de Strasbourg et du 24 au 26 janvier 2026 au Couvent des Jacobins à Rennes).

Ce foisonnement témoigne d’un marché qui, malgré les turbulences économiques, continue de se réinventer en proposant des expériences plus ciblées et en s’ouvrant à de nouveaux publics. Les collectionneurs comme les entreprises y trouvent des formes d’ouverture culturelle et des récits capables de dialoguer avec leurs préoccupations contemporaines : inclusion, patrimoine, innovation.

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Agnès Humbert, Directrice Commerciale Bail Art Leasing

 

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©️Visuel d’introduction – Alberto Letamendi, Art Evasion, 100 x 100 cm © St-Art Strasbourg

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