Un dessin est un dessein
Dessiner, c’est voir et concevoir. Un dessin est un dessein – l’homophonie vient renforcer une étymologie commune.
Dès l’origine, le dessin est présent. L’enfance de l’humanité en a laissé des traces pariétales, l’enfant découvre le monde en le traçant. Le dessin est aussi au commencement. La mise au carreau, l’étude, le plan minutieux, préparent ou esquissent en quelques traits l’œuvre peinte, sculptée, bâtie. Au service des arts, il l’est aussi de toute autre science. Jean-Jacques Rullier évoque à ce propos les « formes négligées du dessin »1, le dessin de l’encyclopédiste, les planches anatomiques et botaniques, ou encore, les illustrations des recherches consignées dans des carnets.
Le dessin prend d’abord son autonomie au sein même de la peinture où « l’expression, la forme intérieure, le plan, le modèle »2 propres à cette discipline vont transparaître de plus en plus. Ainsi, Ingres considère que « le dessin comprend les trois quarts et demi de ce qui constitue la peinture »3. Avec le temps, le travail d’atelier qu’est le dessin deviendra une discipline artistique à part entière. Elle est mise à l’honneur ces jours-ci dans les allées d’une Halle et d’un Palais, comme un double hommage à sa simplicité et à sa grandeur.
(1) Françoise LEVAILLANT Les écrits d’artistes depuis 1940, IMEC, 2004
(2) Jean-Auguste-Dominique INGRES Du dessin in Pensées d’Ingres (1870), 1922
(3) Ibid.
Clara Pagnussatt, critique d’art et commissaire d’exposition
Edgar Degas, Femme s’épongeant la nuque, fusain et estompe, non daté, (Galerie De Bayser) © Bail Art